Ma grand mère disait toujours : "mieux vaut boire du rouge que broyer du noir". Je l'aimais beaucoup mémé, paix ait son âme, la cirrhose l'a emportée... Moi je dis, faut toujours suivre les conseils des anciens, et malgré ma nature peut encline à l'optimisme, je peux me targuer de n'avoir jamais croqué dans un cacheton de Valium.

Par contre, la méthode "Picole pour être heureux" demande de la technique. Beaucoup. Parce que de nos jours, si la dépression est banalisée et que voir un psy est presque une nécessité si tu veux être respecté, l'alcoolisme, lui n'est que très peu acceptée par la société. Heureusement, mean girl est là (le nombre de fois où je t'ai sauvé la vie quand-même...), et comme je suis devenue pro dans l'art d'aller bosser avec la gueule de bois, je te livre ici toutes mes astuces pour ne pas te faire griller...

Enfin ne pas te faire griller, c'est un grand mot... Parce qu'en général, je suis quand-même repear dès que je pose un bout d'escarpin dans la boîte, en particulier par Patrick, qui a une sorte de radar pour ça (mais à mon avis, c'est qu'il est alcolo aussi, on se comprend). Tu ne pourras pas toujours nier l'évidence, c'est pourquoi, cette méthode se découpe en trois points, à utiliser selon le taux d’alcoolémie encore présent dans ton sang...

1. La méthode camouflage :

Tu t'es pris une petite caisse la vieille. Raisonnable. T'as mal à la tronche et t'es un peu ravagée physiquement (lèvres noires à cause du vin rouge, odeur suspecte (tu transpires la vodka), pâleur excessive, tendance à avoir quelques sueurs froides et bien sûr, haleine de chacal), mais t'es pas non plus à courir aux chiottes pour gerber toutes les deux minutes ou a tituber et tenir des propos incohérents.

Tu as la petite gueule de bois quoi. Celle qui en général se soigne avec un Do-Mac et un peu de repos.

a. Le maquillage est ton ami :

Et ça tombe bien, cet automne, la tendance en matière de RAL est au foncé, et en particulier, aux bordeaux et aux prunes. Soit pile la couleur de tes lèvres après avoir bu 3 bouteilles de rouge. Soit tu racontes que tu viens de shopper un petit RAL chez Sépho, que tu testes aujourd'hui, mais en général, faut pas rêver, le dépôt de vinasse ne se met pas de manière uniforme sur ta bouche, soit tu rajoutes par dessus la teinte du dernier Chanel, et d'un coup, tu n'as plus l'air d'avoir la gueule de bois, tu ressemble à une icône mode.

N'oublie pas le bronzer et de bien poudrer pour absorber tes sueurs froides.

b. Le camouflage olfactif :

Tic-tac, hollywood chewing gum, synthol, bombe à chiotte, fébrèze... Le mot d'ordre : asperge toi !!!!

Si on te fait remarquer que tu cocottes un peu, tu as l'excuse "Lush" : "Je suis passée faire quelques provisions chez Lush ce matin, l'odeur a dû s’imprégner sur moi". -> Sans déconner, t'es déjà rentrée chez Lush ? Ça sent tellement fort que même après 3 douches, on sait que tu y es rentrée 5 minutes ("Mais non doc Filou, je te jure, je ne comprends pas pourquoi je suis ENCORE à découvert !" - "Tu te fous de ma gueule ? Tu pues le Lush à 10km !").

2. La méthode diversion :

Tu tiens à peine debout, t'as l'oeil vitreux, la gerbe, c'est plus des sueurs froides que tu te payes, c'est les chutes du Niagara en direct dans ton dos. T'es loin d'être fraîche quoi, t'es même totalement avariée. Tu as pris soin de camoufler les effets visuels et olfactifs directement liés aux ravages de l'alcool, mais ton foie te fait comprendre que ça ne va pas suffire. Non ! Tu ne peux pas faire illusion, mais tu peux faire diversion, parce que par chance, les symptômes de la GDB peuvent être assimilés à d'autres facteurs (merde, facteur, ça me fait penser, ce matin, j'ai quand-même pas.... non... faîtes-moi penser à dire au facteur que c'était le coup d'un matin bourré cette histoire, et que ça n'ira pas plus loin)...

a. Le "vas-y que je noie le poisson" :

Veisalgie. C'est le terme médical pour "gueule de bois". Et alors ? Ben mate la technique.

- "Ouhlalala, t'as encore trop picolé toi hier soir !!! Vla ta tête !

- Ça te plairait Monique hein ? Il se trouve que j'ai une veisalgie (à dire très vite et sans trop articuler) et que ça ne va pas fort.

- Oh... désolée... ça va ?

- J'ai pas envie d'en parler pour l'instant, j'attends les résultats plus poussés, je suis quand-même venu travailler pour essayer de penser à autre chose".

Ahah ! Bim, Monique (qui est une commère et va le répéter à tout le monde) croit que tu as une maladie obscure (et donc potentiellement grave), et elle n'osera plus jamais te faire chier quand t'auras 15 grammes dans chaque bras, parce qu'elle va penser que c'est une rechute de vé... vé quoi déjà ? Ben elle ne sait pas, car tu n'as pas articulé et qu'elle ne peut donc pas vérifier ce que c'est sur google !

Et toi, t'as même pas menti...

b. L'allergie / l'intoxication alimentaire :

Yeux injectés de sang, dégueulade à intervalle régulier, sueurs, visage bouffi, et cadavérique ça ne te rappelle rien ? Ben ouais, tu pourrais très bien avoir mangé un kebab pas frais... D'ailleurs, c'est certainement le cas, parce que si t'es souvenirs sont bons, vers 3h, après tes 2 litres de vodka, t'as eu un peu la dalle, et t'arrives pas à remettre la main sur ce reste de sandwich qui traînait dans ton frigo depuis 8 jours...

L'allergie validera le port de lunettes de soleil en intérieur, en plein mois d'octobre.

c. L'AVC :

Propos incohérents, déséquilibre, perte de mémoire, mauvaise coordination des gestes sont autant de symptômes d'un AVC. Exactement les mêmes qu'après une bonne cuite.

Tu peux donc affirmer que tu es en train de faire un AVC. Les pompiers viendront t'évacuer, et tu pourras en profiter pour draguer dans le camion.

You're welcome !

3. La méthode "j'ai une bonne excuse" :

Parfois, rien ne sert de lutter, tu ne peux pas sortir la carte gastro toutes les semaines, et puis de toutes façons, t'es grillée, t'es grillée, autant avouer.

On est d'accord, tout est prétexte à se bourrer la tronche : la redif du dernier concert de Céline Dion à Végas sur NRJ12, le fait qu'il n'ait pas plu aujourd'hui, Sépho qui fait -25%, le fils du voisin qui a perdu une dent, le simple fait qu'il restait de la Vodka dans la bouteille... M'enfin pour le reste du monde, ces raisons ne sont pas vraiment valables, et t'as plutôt intérêt à te trouver une bonne excuse, pour qu'on tolère ta énième quiche sur le bureau.

a. L'excuse dîte "Russian's style" :

Ça caille grave dehors. Il fait genre -12. Quelques jours à l'avance, raconte à tout le monde que ta chaudière est en panne, que tu gèles dans ton appart. Le jour fatidique, il ne te restera plus qu'a expliquer que tu avais tellement froid, que tu as dû boire pour te réchauffer.

b. L'excuse célébration :

Pas un simple anniversaire, un truc bateau. T'es tellement souvent bouratche, qu'il faut un truc qui en jette, qui fasse se dire que grave, t'avais pas d'autres choix de te mettre une mine, tant l'occasion était spéciale. Je sais pas moi, t'as passé la soirée avec Ryan Gosling qui t'as payé le champ toute la night, ton chinchilla a fait un buzz sur youtube, c'est devenu une star, ta belle-mère a ENFIN réussi sa blanquette...

c. L'excuse "boire pour oublier" :

Ton mec t'as largué et est parti avec toute ta réserve de pépitos, ton chat s'est pendu, tu t'es cassé un ongle alors que tu sortais tout juste de la manucure, ta télé s'est bloqué sur le dernier concert de Céline Dion à Végas, tu ne pouvais même plus l'éteindre ou couper le son, aucune fleurs ne poussent sur la tombe de ta mémé parce que tant sa cirrhose a rendue la terre acide... Tu as été obligée de prendre un petit remontant.

Quand à moi, ma prochaine excuse est toute trouvée : soit cet article fait un bide, et je sors la carte "boire pour oublier", soit ça fait un buzz, et je dégaine celle dite de "célébration". Kiss à ton ulcère et paix dans ton foie.